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Sur les Rails: Paris – Marseille

miniature ytAh, Marseille! Capitale du mistral, du soleil et des grèves d’éboueurs. 4 ans déjà s’étaient écoulés depuis ma dernière descente en 806-mobile sous la neige vers la cité phocéenne. Les prévisions en Manche étaient en berne depuis une dizaine de jours, ce qui me poussa à étendre le champ de ma recherche de vent jusqu’à la Méd’.

Cette fois-ci, je n’avais pas du tout envie de me coltiner les 800km de route, d’une part parce que j’avais la flemme, que ça me faisait perdre une journée et d’autre part parce que mon bilan CO2 me pose de plus en plus problème. Vu les kilomètres que je parcoure en voiture chaque année – même en prenant en compte les covoiturages du Kiff – pour une activité certes rudement sympathique mais sans aucune valeur ajoutée sociale, sociétale, environnementale et tout ce qu’on veut, je ne me vois pas du tout participer à une marche pour le climat. J’ai donc décidé d’effectuer un retour aux sources de mes premières années de windsurfeuse avec permis mais sans voiture personnelle: adieu péages, vive le train!!!

OUI!

Grâce à Ouigo, j’ai trouvé un aller Paris Gare de Lyon/Aix à un tarif ridicule: 22€ pour 3h15 de trajet, départ 7h05. Le train précédent arrivait directement à Marseille mais partait trop tôt pour pouvoir l’attraper avec les transports en commun…
Petite particularité des trains Ouigo, il faut se présenter 30 minutes à l’avance à la gare. Concernant les bagages, heureuse surprise: comme en avion, le bagage cabine est gratuit et on peut emporter des bagages volumineux monnayant 5€, grosses valises ou équipements de sport à condition qu’ils fassent 2m en hauteur maximum et que le poids n’excède pas 30kg (vous noterez que les pare-chocs ne sont pas acceptés ^^). Sauf que contrairement aux aéroports, pas de balance et pas de contrôle drastique lors du bipage des billets! Pour les accros, la prise électrique est monnayée 2€ et vous aurez le loisir de passer le trajet dans une rame pleine de gens penchés sur leurs écrans. Brrrr.
Ne souhaitant pas devoir me lancer dans des palabres avec le contrôleur, j’ai choisi de n’emporter que mes voiles. Vu les couleurs de Windguru, je me suis contentée de 3.3 3.7 et 4.2 avec un 340, un 370, une rallonge et un wish. Ce qui était déjà bien assez lourd à porter sur l’épaule! Pour la prochaine fois, je pense que mon session bag Pryde à roulettes va reprendre du service… Niveau hauteur, le sac à voile délicieusement vintage que Tom avait eu le génie de dégoter il y a quelques mois toisait le mètre quatre-vingts quinze.

Marseille 2019 - sunshine
« Apocalyptica – I’m Not Jesus » Photo: Tom

Le temps de le convaincre de venir aller prendre le soleil avec moi, de trouver un charmant petit studio à Sausset-les-Pins appartenant à un ex-windsurfeur sur Airbnb et de louer une voiture au Budget de la gare d’Aix, et nous voilà partis.

Le court temps de marche pour aller rejoindre le train en haut de la colline fut assez sportif. Heureusement Tom se chargeait de la valise. Avec un gros bagage, on commence à toucher du doigt ce que représente cette notion un peu vague qu’est l’accessibilité et son cortège d’ascenseurs, de sas poussettes, d’escalators, bref, la Modernité. Parce que les tourniquets à l’ancienne pour rejoindre le RER A, c’était pas de la tarte. Une fois à Gare de Lyon, une hôtesse s’est chargé de nous diriger vers la file d’attente et nous avons passé le contrôle des billets comme des fleurs. On est encore mieux traités qu’en prenant le TGV 🙂

Sans trop savoir où caser la bête, j’ai lâchement abandonné le sac à voile sur la plateforme entre deux wagons, avant de m’apercevoir que l’espace bagage au fond de notre rame aurait fait l’affaire. Ça n’a pas raté, lors de sa première annonce le chef de bord a explicitement mentionné « le bagage encombrant en voiture 6 » « à ranger immédiatement ». La dernière phrase m’a fait bondir hors de mon siège: « Actuellement en voiture 4, nous allons bientôt passer parmi vous… » = les relous de la voiture 6, on arriiiiiiiiiive!! On a eu à peine le temps de charrier le sac au fond en fauchant quelques têtes au passage quand il a fallu le mettre dans l’espace derrière les sièges. Le contrôleur a débarqué dans la rame 2 minutes après, a jeté un regard circonspect sur l’objet non identifié, puis est reparti.
Une fois arrivés sans encombre à Aix, nous avons été récupérer notre belle Peugeot 208 peinture métallisée bleu nuit assurée tous risques. Certes, le prix en a doublé, mais ici, c’est Marseille. Tom avait emmené des barres de toit gonflables Handirack, extrêmement pratiques pour les planches un peu longues et ne pas trop pourrir l’intérieur.

SOS Planche

Concernant l’épineuse question des planches, j’ai été frapper à plusieurs portes. Tout d’abord j’ai lancé un appel à l’aide sur Directwind, où Axel du Jaï a eu la grande gentillesse de m’informer qu’il mettait à ma disposition une Starboard Acid 73, à récupérer au Prado. J’ai ensuite téléphoné au surfshop Le Marin, qui m’a proposé moult planches à la location sans soucis (55€ la journée, 15€ de l’heure si ma mémoire est bonne). Là où ça coinçait, c’était le lundi où le shop était fermé et Axel en cours. Je verrai bien sur place!
On est passé au shop à Carro après avoir déposé tout le barda à Sausset. Le spot était plat comme la main. Le gars m’a tranquillisée sur la location et avait l’air plutôt arrangeant. Au cas où, j’ai été récupérer la planche d’Axel en fin d’après-midi dans le garage de ses parents près du rond-point du Prado, qui avait, à ma grande stupeur, été rénové. Il y a 4 ans, même époque, les éboueurs étaient en grève, les travaux étaient entamés, c’était le Bronx; on pouvait se garer comme des cochons absolument partout autour du rond-point. Autre surprise, les nombreuses pistes cyclables tracées sur la chaussée ou le trottoir. Marseille change-t-elle? Je vous rassure tout de suite sur ce point, apparemment les pistes cyclables sur la Corniche ne verront pas le jour avant au moins 5 ou 10 ans, voire plus, et la ville a préféré investir dans le fameux stade Vélodrome ce qu’elle aurait pu consacrer à son réseau d’assainissement. Ouf.

Samedi: Very Dangerous My Friend!

Carro 2019 - Acid
Acid: Legends never die!

Le spot se réveille! Un mètre, vent side-off irrégulier, c’est assez déventé au bord mais heureusement la barre n’est pas bien grosse. Après une heure à rider en 4.2 avec l’Acid, qui a son petit caractère, je me décide à aller voir le shop pour tester la planche de mes rêves, une Quatro Pyramid. Je tombe sur un autre vendeur que la veille, qui me tient le discours classique du loueur qui tient à ses planches: « Le vent est trop Nord aujourd’hui, si jamais vous perdez la planche au large, c’est trop dangereux ». J’ai déjà entendu exactement la même phrase chez TWS à El Medano, avec « Ouest » à la place de « Nord », malgré le fait que je sois une de leurs inscrites à l’entraînement slalom entres autres. En vague, s’entendre dire que c’est trop dangereux dès que les conditions commencent à devenir potables, c’est le comble de la frustration. Sans chercher à marchander avec le vendeur qui ne m’avait même pas demandé mon niveau, irritée, je l’ai remercié sèchement et j’ai tourné les talons. Je pense très sincèrement que j’aurai pu lui dire que ma plaquette était neuve, que mon bout était en bon état, que mon mât était un Ezzy, que j’avais une rallonge en béton armée, que j’avais ridé Jaws ou que mes parents étaient millionnaires que ça n’aurait rien changé. J’ai horreur de devoir faire l’étalage de mon niveau sans qu’on me l’ait demandé pour obtenir quelque chose.

C’était sans compter sur la générosité d’un ami, ancien parisien- kiffeur, qui avait obtenu du patron d’Hotmer Martigues qu’il me loue une des planches du shop. Après la session où Thomas Traversa nous a fait l’honneur de sa présence, direction la route de St Pierre pour aller voir ce que Thierry avant en réserve pour moi. Le shop recelait quelques trésors, comme une vieille Sun7 shapée spécialement pour Carro. J’ai arrêté mon choix sur une belle DaCurve en single de 2010. Très arrangeant, Thierry m’a dit que je pouvais lui ramener chez lui lundi ou que Ptilou lui rendrait. Et me voilà repartie avec une bombe de carving sous le bras!

Dimanche: Heure de Pointe

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Photo: Tom

Cette journée-là, j’ai vu Carro marcher comme JAMAIS je n’aurai pu me l’imaginer. Il y a 4 ans, j’ai surtout vu le spot soit ratiboisé par 50nds de Mistral, soit avec un vent side-off hyper light au bord. En revanche, tout Marseille s’était donné rendez-vous sur l’eau. Le vent était assez léger, je planais péniblement avec la DaCurve qui taillait bien plus petit que ses pseudos 76L. J’ai passé une heure à essayer de me replacer sur le spot et à essayer de trouver une vague sans personne, et la barre était assez technique.
Je crois que le personnel du Marin présent ce jour-là ne m’aurait blacklistée pour la loc de planche s’il avait vu mon passage dans les rochers tout à gauche du spot. Même le caïd du spot m’a charriée en me disant qu’il n’avait jamais vu personne là-bas. Heureusement, la Tabou n’avait rien (ou rien que j’ai remarqué >_>). Tom avait retrouvé des amis qu’il avait croisé en Afrique du Sud; l’un d’eux, Olivier Gautier, m’a encore proposé sa planche qu’il essayait de vendre depuis 6 mois, une… Quatro Pyramid 71 de 2017. J’ai hésité pour la forme avant de me jeter sur l’occasion. Et là, l’éclate absolue: la planche partait au planing au quart de tour et faisait des pointes de vitesse assez vertigineuses pour une planche de vague. Le carving n’était pas en reste, malgré des rails un peu plus dodus.

Le soir, direction les casiers matos de Pacific Palissades à Pointe Rouge pour aller remettre l’Acid à son propriétaire qui avait bien profité des conditions du Prado, bien plus venté que Carro. Il ne faut pas chercher de logique ou de corrélation dans les manifestations du Mistral, le seul élément stable de l’équation reste la marée. Bien que la planche ne soit pas de toute première jeunesse et assez technique finalement, Axel m’a vraiment sauvé la mise, et je lui en suis extrêmement reconnaissante.

Lundi: Session de l’Année?

Carro 2019 - lundi
Un peu plus à l’aise en tribord après deux jours… Photo: Tom

Les locaux sont arrivés sur le spot vers 7h30. Un peu fracassée par les heures sur l’eau, je me suis péniblement arrachée du lit vers 8h, avec l’objectif de rider jusqu’à midi pour aller ensuite prendre le train du retour à Aix l’après-midi. La journée promettait d’être fantastique: vent side, séries à 2m, 6 personnes à l’eau. La vidéo décrira la session mieux que moi. Vers 11h30, je commençais à être bien chargée en 4.2, le Mistral faisait enfin son entrée en grande pompe après trois jours d’hésitations. A midi trente, tout le monde était à la rue. Je devais rendre la Quatro d’Olivier à Sylvain Puig, dont la casse de son mât a malheureusement écourté sa session après un gros aerial, mais qui m’a permis de pouvoir discuter 5 minutes avec une des légendes de Marseille.

Conclusion

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Bonheurrrrrrrrrrr

« Vous avez vraiment eu du pot », conclura Thomas Traversa, avant de filer je présume au Prado. Un parfait résumé du week-end: des gens exceptionnellement généreux, et une Méditerranée exceptionnellement généreuse.

Décollage à 13h pour aller nettoyer le studio de Stéphane qui était vraiment nickel. Comme le bonhomme était lui-même surfeur, on a pu entreposer le matos dans le jardin sans aucun souci. Retour impeccable, malgré une heure et demie d’avance à Aix, avec un sac à voile allégé de la combi et de la rallonge. Du coup c’était la valise qui pesait un âne mort ^^

Je ne sais pas comment remercier tous les gens qui ont fait de ce week-end une réussite, même si la problématique planche reste à optimiser sérieusement. Merci, merci, merci!!!

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Week-end saute-mouton dans l’espace-temps des shapes! A droite la Starboard Acid d’Axel, au centre la Da Curve d’Hotmer, à droite la Pyramid d’Olivier – Photo: Tom

J’espérais montrer qu’il était possible d’aller scorer dans la région de Marseille sans être dépendant de son propre véhicule, de tout son matos ou d’amis, c’est raté. La location de planche en vague est bien trop aléatoire si on n’est pas « le pote de » et si le loueur ne vous fait pas confiance, c’est bien dommage.
En tout cas big up à la SNCF de proposer un service avec un aussi bon rapport qualité/prix! Côté budget, la descente à deux en voiture ou en train revenait quasiment au même sans l’option « tous risques ». A mon avis, le trajet est faisable avec une planche de 2m15, il y avait encore un peu de marge en largeur. Je pense que le prochain épisode de la série sera très certainement un Paris-Cherbourg!

ENJOY LES BLANQUINAS !!!

INFOS TOURISME:

En IDF, il vaut mieux prendre les trains de banlieue ou les RER posur rejoindre les grandes gares et se déplacer en dehors des heures de pointe pour se faciliter la vie. Les horaires des Ouigo rombent en général dans ces tranches horaires-là. En théorie, il est interdit de prendre le métro avec des objets encombrants, en période d’affluence c’est du bon sens.

OUIGO: départ Paris Gare de Lyon ou Marne la Vallée pour Aix ou Marseille, comptez entre 19 et 25€. Il y a peu de trains dans la journée… Durée du trajet: environ 3h. C’est confortable comme un TGV classique à deux étages 🙂
Bagage volumineux: 5€; prise éléctrique 2€.

TER/INTERCITE: plus lent, mais plus zen. Possibilité de caser son boardbag dans les espaces vélo, attention à la hauteur néanmoins.

LOCATION DE VOITURE: au départ je voulais louer une voiture à un particulier sur Ouicar ou Drivy. En général comme les voitures sont un peu anciennes pour les moins chères, les propriétaires ne sont pas trop pointilleux. Chez les loueurs classiques, attention aux franchises, mais les tarifs se rejoignent.

CONSEIL LECTURE: Les Thibault de Roger Martin Du Gard, une trilogie qui couvre moult sujets autours des deux protagonistes principaux, les frères Thibault, à la veille de la guerre de 1914: socialisme, drague, euthanasie, fidélité, rapport filial, et bien d’autres choses palpitantes. Un classique qui suffira à vous divertir le temps d’un aller-retour sur la Lune.

CASIERS MATOS: pourquoi ne pas laisser du matos en double dans un casier? Le Centre Nautique de Marignane et Pacific Palissades entre autres proposent cette solution.

N’hésitez pas si vous avez des questions ou si vous souhaitez partager vos expériences ferroviaires 🙂

6 commentaires

  • Coiffard

    Top article comme d’hab !
    Superbe vidéo avec des vagues magnifiques et de beaux surfs.
    Je pense que pour la planche, il faut trouver des gens qui veulent bien naviguer avec toi et t’en prêter une.
    Pour ma part, si un jour tu passes sur la côte basque, j’ai une tabou trifin 80 l de secours que j’essaye même pas de vendre !
    Bravo
    A +
    Christophe et Janis

  • Lomic

    Fais gaffe si tu commences à réfléchir en bilan carbone tu vas vite changer de sport ^_^ et je confirme qu’habiter au bord de l’eau ne garantit pas d’éviter les kilomètres 😉

  • devoskevin2014

    ca fait plaisir de voir que je ne suis pas le seul à essayer de concilier la limitation des kms en voiture et la pratique de la planche à voile, question de cohérence, qui a envie de rider une mer dégueulasse pleine de pétrole?…les solutions sont pourtant simples: locations, casiers sur les spots, associations de windsurfeurs mettant à dispo du matos pour leurs adhérents, et sans oublier la duo board, planche semi-gonflable dont j’attends avec impatience le modèle de vague, et les gréements rrd compact rig qui permettent d’avoir un quiver dans un petit sac!

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